L’université québécoise du futur: tendances, enjeux, pistes d’action et recommandations.
Paru il y a environ deux semaines, le document édité par les Fonds de recherche du Québec (FRQ) rend compte de la réflexion d’un « groupe d’une douzaine de personnes [qui] a réfléchi sur les exigences de l’université québécoise du futur dans le cadre de 12 rencontres […] ».
Quelques commentaires à brûle-pourpoint…
– Très bon topo des grandes tendances susceptibles d’influencer l’université du futur.
– Portrait évolutif riche de plusieurs variables concernant le milieu universitaire. Des annexes encore plus détaillées sont en préparation pour ceux qui ne seraient pas rassasiés.
– L’importance de la liberté académique et de l’autonomie institutionnelle est, à juste titre, réitérée à plusieurs reprises. En espérant maintenant qu’elles ne se feront pas avaler par la reddition de comptes (que le rapport suggère d’ailleurs de simplifier) ni par les modes de gestion chiffrées qui sont en croissance.
– Une surprise
À l’exception d’une étudiante de premier cycle, aucun représentant des « grosses » universités sur le comité de travail. Ça laisse un peu pantois.
– Un défi de funambule
Autant on affirme l’importance de la recherche théorique et fondamentale, autant plusieurs recommandations ont des allures d’utilitarisme. La conciliation s’annonce un défi de taille.
– Une autre surprise
L’accent mis sur l’importance de réfléchir à des environnements d’apprentissage renouvelés. J’en suis convaincu depuis longtemps, mais de constater qu’un document édité par un bailleur de fonds de recherche pèse aussi fort sur cet aspect est rafraichissant. Il reste maintenant à souhaiter qu’on fera appel aux gens des sciences de l’éducation pour étayer le tout, car il faudra davantage que « Captiver pour réussir la formation» (intitulé du 2e enjeu) afin de relever le défi.
– Un angle mort
Par rapport au point précédent, on fait fi de la nécessité de développer une culture de la pédagogie universitaire.
– Un éléphant dans la pièce
Le financement des universités par la philanthropie, qu’on aborde du bout des lèvres, mais qui crée pourtant des disparités importantes au sein du réseau québécois. Il faudra oser ouvrir cette boite de pandore si on souhaite que le voeu d’une collaboration interuniversitaire accrue en formation se concrétise.
– Une évidence
La place octroyée au numérique.
– Des recommandations précises et porteuses d’avenir.
Beaucoup de boulot attend les universités!
– Un sujet que j’aurais aimé voir traité
En plus du discours d’excellence en recherche, pourrait-on aussi réfléchir au déploiement du plein potentiel en recherche? La concentration du financement en recherche et la présence de l’effet Matthew sont assez bien documentés. Ils ont pour conséquence de laisser toute une frange de chercheurs sans moyen. Pourtant, même s’ils n’ont pas remporté un concours d’excellence (on pourrait aussi discuter des critères d’excellence), leur compétence en recherche n’est pas caduque. Comment mobiliser leur talent sachant l’éventail de besoins rencontrés par la société?
– Un point d’attention
Oui à une université pour aider à relever les grands enjeux de notre siècle. Oui à une université qui prépare au marché du travail. Mais il y a autre chose à préserver qui relève « simplement » et purement du développement de la pensée humaine, et ce, indépendamment du champ d’étude. Sans dire que cet aspect n’est pas abordé dans le rapport, il finit un peu par être dilué à travers tout le reste.
– Conclusion
Un document qui met très bien la table à des discussions au sein de nos institutions et entre elles.
Bravo à tout le comité de travail!